Homélie des Funérailles de l’abbé Robert Empain

Homélie de l'abbé Michel Mylle lors des funérailles de l'abbé Robert Empain à Sivry, 12 octobre 2021

Le 05 novembre 2008 à 18h à l’église Saint-Martin de Merbes-le-château, la messe y était célébrée et celui dont l’ordination avait été retardée, parce qu’il avait été jugé de santé trop fragile, y vivait un temps d’action de grâce pour 50 années de vie presbytérale. Ce mercredi-là contrairement aux habitudes la messe était célébrée dans l’église et non pas dans la petite chapelle attenant à l’église. Et l’église était remplie. Seul un entrefilet dans les chroniques paroissiales du journal dimanche avait été donné pour annoncer l’événement. C’est que l’abbé Empain savait rassembler. Dans la discrétion, sans tambour ni trompette. C’est un pasteur. Des internes du collège de Chimay qui, aujourd’hui, sont presque pensionnés jusqu’aux membres de notre assemblée dans cette église en passant par l’ACRF chevrotine, tous, nous savons sa capacité de rassembler des personnes d’horizons si divers à la manière du bon pasteur qui connaît ses brebis et qui les conduit vers les verts pâturages c’est-à-dire là où l’on entend dire : « Heureux, heureux, heureux… » non pas seulement 8 fois comme dans le texte de l’évangile que l’on vient de proclamer, mais de manière récurrente car on y partage la joie de Dieu.

Du ministère pastoral de Robert, nous pouvons relever au moins deux traits forts :

– Le premier concerne la prière. Robert est un homme de prière, soucieux de la prière communautaire et attentif à la prière en seul à seul avec Dieu. Chaque semaine, sans tambour ni trompette, avec une régularité qui force l’admiration, il conduisait la prière charismatique avec ses chants de joie, écho du bonheur en Dieu. Cette joie, pour lui, n’était pas exubérance mais sérénité et paix : en témoignait ainsi son égalité d’humeur, y compris dans l’adversité.
Robert avait aussi le souci de la prière individuelle : il parlait volontiers du monastère invisible lequel relie toutes ses lieux de prière où le cœur à cœur avec Dieu prime. Une chambre de malade, la maison d’une personne isolée, un chalet dans la fagne de Chimay, un espace intérieur au cœur d’une vie engagée sont autant de lieux où peut se constituer ce monastère invisible où l’on vit seul à seul avec Dieu et dans la communion de toute l’église. A l’image de Ste Thérèse, la petite carmélite de Lisieux retenue dans une infirmerie mais dont la prière était ouverte aux dimensions du monde au point d’être reconnue patronne des missions, Robert savait la force de la prière. Via l’institut séculier « Deus caritas », Robert a voulu partager cela. Il l’aura aussi expérimentée particulièrement à la fraternité Notre-Dame du Désert et à quelques pas d’ici, à Touvent, de l’autre côté de la forêt, à la frontière. Quand tu pries… entre dans ta chambre… et prie ton Père qui est là dans le secret. Ton Père voit ce que tu fais dans le secret… il te le revaudra. Robert, Dieu te le rendra.

– Un deuxième trait fort de son ministère presbytéral fut son sens de l’écoute et de la réconciliation. Robert était une oreille attentive et disponible. Il était là non seulement pour entendre qui voulait être reconnu mais aussi pour dire combien la miséricorde du Seigneur dépasse largement notre péché. Et la communauté de Thy-le-Château pour laquelle il se rendait disponible régulièrement jusqu’il y a peu en sait quelque chose.
En ce moment où nous confions à la miséricorde du Seigneur notre Frère Robert, nous pouvons aussi nous confier, tous et chacun, à Dieu. Nous regarder, regarder l’autre comme Dieu regarde. Et nous laisser regarder par Dieu. Comme nous sommes, avec nos grandeurs, nos petitesses. Et réentendre dire, ce que Robert a si souvent annoncé, que la miséricorde du Seigneur est grande. Prions donc pour Robert. Plus que cela, prions avec lui car il intercède encore et toujours auprès de Dieu.