Les quatre bougies du petit berger
Cette histoire s’est passée il y a près de 2000 ans dans un pays lointain, la Galilée.
C’était un jour gris. Le brouillard recouvrait toutes les choses et voilait le soleil.
Aussi, le maître ordonna-t-il aux deux bergers, Jean et Daniel, de mener les moutons dans la montagne, là où il y avait du soleil.
Le petit Daniel, qui n’avait que neuf ans, ne quittait pas Jean d’une semelle. Cet épais brouillard lui faisait peur. Mais Jean était grand et fort. Il le protégeait.
Un agneau blanc comme la neige sautillait autour d’eux en bêlant craintivement.
Alors Jean le confia à Daniel. « Tiens, dit-il, c’est notre plus jeune agneau. Veille bien sur lui ! » Daniel était très content. Il ne le lâchait pas des yeux, son petit agneau, et la nuit, il le réchauffait contre sa poitrine.
Mais Daniel devenait bien fatigué. Sans arrêt, il avait dû le chercher et le rattraper. Il s’assit sous un figuier et l’agneau se blottit contre lui. Bientôt, Daniel s’endormit. Alors un merveilleux parfum embauma l’air, un parfum de roses, de lys et de fleurs d’amandier. Daniel essaya d’ouvrir les yeux, mais ses paupières étaient trop lourdes. Maintenant, il lui semblait entendre comme un chant très loin dans la nuit ! Puis, plus rien et le parfum se dissipa également.
Daniel réussit enfin à ouvrir les yeux. Jean, revenu de la montagne, se tenait devant lui et dit : « Où est l’agneau ? » Daniel bondit. Il appela l’agneau, il le chercha partout. Ce fut en vain. Il ne le trouva nulle part. L’agneau avait disparu.
« Viens, lui dit Jean, il faut rentrer. » Le cœur lourd, Daniel suivit le troupeau. Où était son agneau ? Lui était-il arrivé malheur ?
Le maître se mit très en colère quand Daniel avoua comment il avait perdu son agneau. « Balivernes que tout cela, gronda-t-il. Au lieu de dormir et de faire de beaux rêves, il fallait veiller ! » Et bien que la nuit fût très noire, il renvoya Daniel rechercher l’agneau. Jean s’inquiétait pour son petit compagnon, mais il ne pouvait rien contre le maître.
Jean alla chercher dans sa chambre la lanterne qu’un voyageur lui avait donnée un jour en disant qu’elle guiderait toute personne en détresse.
C’était une lanterne à quatre bougies et Jean recommanda à Daniel d’en prendre bien soin. Muni de cette lumière rassurante, Daniel partit à la recherche de son agneau.
Il chercha pendant toute la nuit et pendant toute la journée, sans trouver trace de l’agneau. Le soleil se couchait. Fallait-il continuer ? Où ? Comment ?
Daniel était sur le point d’abandonner tout espoir lorsqu’il entendit un bruit derrière le rocher. « Agneau, mon petit agneau », cria-t-il. Une grosse voix répondit : « Oh ! Qu’est-ce que tu cherches ? Un agneau ? »
Et un homme très grand se dressa tout d’un coup devant. Effrayé, Daniel voulut se sauver. « Tu n’as rien à craindre de ma part, dit l’homme, mais si tu cherches un agneau, tu le trouveras dans le champ d’oliviers, là-bas. Je l’y ai vu. Il est tout petit et blanc comme la neige.
– Ah ! Tu as trouvé mon agneau, s’écria Daniel. Merci ! Merci ! Puis-je moi aussi t’aider ? – Personne ne peut m’aider, fit l’homme. Je suis dans les ténèbres. – Non, non, dit Daniel en tendant une des bougies à l’homme. Prends-la ; elle t’éclairera ! Pourquoi me faudrait-il quatre bougies alors que tu n’en as aucune ? Trois me suffisent. – Tu me la laisses à moi ? A moi ? s’étonnait cet homme qui était un voleur ! Tu es bien le premier être au monde à me donner quelque chose. Merci beaucoup ! »
Le jour baissait. Daniel se hâta vers le champ d’oliviers pour enfin retrouver son agneau. Mais où est donc cet agneau ? Où s’est-il caché ?
Là-bas dans la grotte, quelque chose bougeait. Daniel s’y précipita. Oh, c’était un loup ! Daniel s’immobilisa et le loup happa son manteau. Tremblant, Daniel tenta de se dégager. Aussitôt le loup lâcha prise et hurla. Alors, Daniel vit sa patte qui saignait et il n’eut plus peur du tout.
Il attacha un morceau de son manteau et pansa soigneusement la patte. « Là, repose-toi, dit-il, pour que ta plaie guérisse. » Daniel voulut repartir mais encore une fois, le loup attrapa le manteau et le regarda. « Tu veux que je reste près de toi ? » Daniel caressa le loup. « Je ne peux pas. Je dois chercher mon agneau. Et les agneaux ont peur des loups. Non, je ne peux pas car mon agneau a aussi besoin d’aide. »
Daniel réfléchit puis posa une bougie à côté du loup. « Tiens, loup, cette lumière te réchauffera un peu, elle te fera du bien. Tu ne seras pas tout seul. Deux bougies me suffisent. » Le loup regarda Daniel avec douceur et celui-ci repartit.
Daniel erra dans la nuit. A l’aube, il entra dans une petite ville. Un allumeur de réverbères, pauvrement vêtu, l’accosta : « Une aumône, une petite aumône ! »
Daniel s’arrêta. « Je n’ai rien non plus, dit-il. Je ne suis qu’un pauvre berger à la recherche de son agneau. – Un agneau ? – Oui, il s’est perdu. L’aurais-tu aperçu ?
– Je ne vois que la misère, répondit le vieillard. Je n’ai pour me loger que ce trou là-bas.
– Alors, prends cette bougie : c’est tout ce que j’ai, dit Daniel. Elle te donnera un peu de chaleur et de lumière dans le trou où tu reposes. » Le vieillard prit la bougie en le remerciant et lui souhaita bonne chance pour retrouver son agneau.
Daniel passa encore toute la journée à chercher son agneau mais personne ne l’avait vu. Découragé, il traînailla encore dans cette ville. De rue en rue, il arriva devant un grand édifice, avec une grande tour : Il était 17h30.
Daniel y entra.
Il y avait une grande assemblée qui était là. Les gens, avec parmi eux beaucoup d’enfants, avaient l’air sympathique. Peut-être trouverait-il son agneau.
Daniel s’adressa à un enfant de l’assemblée : « N’as-tu pas aperçu mon agneau ? Je le cherche depuis trois jours ! – Oh non, pas d’agneau ici ! Mais nous aussi, nous cherchons quelque chose : une lumière qui nous a été promise. Elle doit nous guider sur le chemin. Nous la cherchons depuis quatre semaines. Mais toujours rien !
– Une lumière !? répondit Daniel. Tiens, c’est la seule chose que je possède. Regardez, la voici. Après tout, je vous la donne. Prenez-la. Moi, c’est mon agneau que je cherche. Tenez, gardez-la ! » Il tendit sa lumière à l’enfant. C’est alors qu’une nouvelle fois se fit sentir ce merveilleux parfum de roses, de lys et de fleurs d’amandier. D’où cela venait-il donc ? Et voilà que retentirent à nouveau des chants de joie.
Daniel suivit les sons de la musique. Bientôt, il distingua une étable qui ressemblait étrangement à la sienne, s’en approcha et y entra. Il resta cependant timidement près de la porte. D’abord, il ne vit rien. Mais ensuite, il aperçut une tache blanche. C’était son agneau ! Son agneau perdu ! « Approche donc, lui dit une voix toute douce. Muet de bonheur, Daniel obéit.
Et puis il vit, tout près de son agneau, un petit enfant, couché dans une mangeoire.
Daniel s’agenouilla. Tout à coup, la pauvre étable s’éclaira comme une salle de fête.
Alors, il vit là, en plus de son agneau, le voleur, le loup et l’allumeur de réverbères. Et les chants redoublèrent.