Alors que bien souvent la crainte de la justice de Dieu était au cœur de la spiritualité de cette époque marquée encore par le jansénisme, Thérèse met l’amour et la confiance au centre. Cette voie qu’elle choisit pour elle-même est accessible à l’ensemble des chrétiens. Tous peuvent atteindre la perfection qui est tout simplement d’aimer. Ni pratiques extraordinaires, ni exploits héroïques, ni pénitences hors de portée mais l’ardent brasier de l’amour.
Dans la nuit du Jeudi au Vendredi saint 1896, un flot monte en bouillonnant jusqu’à ses lèvres. Ce sont les premières attaques de la maladie qui l’emportera : la tuberculose. Quelques jours plus tard, son âme fut envahie par les plus épaisses ténèbres. Elle qui ne pouvait croire qu’il y eût des impies n’ayant pas la foi, elle éprouve elle-même cette nuit spirituelle qui vient accompagner sa maladie physique. (…)
Elle accepte de vivre par amour et avec amour cette absence de lumière qui est le lot des incroyants. (…) Elle rejoint ainsi tous ceux qui sont assaillis par le doute, mais qui cherchent la lumière. « La foi ne s’offre pas dans ce »direct » éblouissant, mais, tout au contraire, la foi parvenue à sa maturité se vit dans le non-voir, une épreuve qui ouvre à la seule issue possible : la confiance. » (J.-Fr. Six)
Thérèse de l’Enfant-Jésus, et de la Sainte-Face, comme elle avait ajouté, allait révolutionner la spiritualité chrétienne. Grâce à elle, beaucoup de chrétiens allaient découvrir la petite voie, celle de l’amour et de la confiance, chemin offert à tous ceux qui dans la petitesse quotidienne, ont un cœur de géant.
Charles Delhez